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Les navires de l’époque Nagada II

Déjà symbole funéraire ?
réf. : fr.894.2013 | 17 septembre 2013 | par Francis Leveque
céramique | 3e quart du IVe millénaire av. J.-C.
Egypte (Haute Egypte) ( Egypte )
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L’art de Nagada, du nom d’un site de Haute-Égypte, regroupe la production artistique qui a lieu en Egypte au IVe millénaire av. J.-C. La période de Nagada II (appelée également gerzéenne) couvre 3 siècles : de 3500 à 3200 av. J.-C.

À cette période un important regroupement de villages s’était établi à Hiérakonpolis, dans une enceinte, comportant une nécropole de plusieurs dizaines de tombes et peut-être un temple archaïque en matériaux périssables (bois notamment). La tombe n°100, en briques crues contenait des peintures reprenant le thème du bateau. De nombreuses sépultures de cette époque ont été découverte autour de Hiérakonpolis.

A la différence des céramiques de la période précédente, celles du Nagada II connaissent une inversion des couleurs : on peint désormais en brun violacé sur une céramique de couleur chamois. Les décors se diversifient également. Les images représentent des événements sociaux ou religieux importants, leur signification précise n’est pas parfaitement comprise.

Des bateaux mis en scène

Un type de scènes énigmatiques retiendra notre attention : fréquemment les céramiques sont décorées d’un bateau avec un grand nombre de rames, deux cabines, un étendard et des personnages sur le pont. Cette figure, assez fréquente, a également été interprétée comme un village et ses palissades.

Les rames sont toujours représentées en 2 groupes le long de la coque : au milieu, dans l’espace entre les 2 cabines, il n’y a aucune rames sans qu’on en connaisse la signification exacte.

Les cabines sont toujours au nombre de 2. Les personnages éventuellement représentés sont debout sur celles-ci. Sur la 2e cabine un personnage, parfois muni d’un instrument (un gouvernail ?) fixe souvent l’avant du navire comme le ferait un vrai timonier. Il faut alors le concevoir debout sur la cabine pour réaliser ses manoeuvres.

La grande tige avec des feuilles à l’avant de ces navires a longtemps intrigué les historiens de la construction navale. Sur certaines représentation on distingue bien la tige et les feuilles de palmes attachées dessus. D’autres fois l’ensemble paraît plus compact, sans feuilles, ni tige centrale, comme s’il avait évolué pour formé une sorte de voile fixée à l’avant. Il en a cependant conservé la courbure ancienne et se termine parfois par un visage de monstre.

L’égyptologue anglais Flinders Petrie fut le premier à découvrir les cultures préhistoriques égyptiennes, ce qui explique qu’un grand nombre d’objets remontant à cette époque soient conservés au Musée Petrie d’archéologie égyptienne à Londres.

Deux cultures en Egypte

Avant l’unification vers 3200 av. J.-C. les deux principales cultures dans le nord et le sud de l’Egypte étaient clairement visibles : les couronnes des rois, le style des temples, de la poterie, des tombes. Le nord a montré des influences de la région de la Palestine et de la Syrie et dans le sud des conceptions nouvelle venaient de Sumer.

Les types de bateaux étaient différents aussi, et dans le delta ils avaient des poupes élevées (comme les bateaux de roseaux à Sumer) et utilisaient des cabines voûtées. Dans le sud, les bateaux étaient longs avec de faibles poupe et peut-être en partie en bois, et disposaient de cabines carré au toit aplati.

« Des symboles funéraires ou militaires ? »

Il reste à comprendre la place que peut tenir le bateau représenté à cette époque dans la société égyptienne. Est-il une simple machine de guerre nécessaire ? Est-il déjà un symbole funéraire qu’on retrouvera par la suite un peu simplifié sous la forme des barques funéraire au profil caractéristique en croissant ?

D’autres questions, d’autres pistes de réflexion apparaissent pour comprendre la culture de l’époque. Où se servait-on de ces navires ? Sur le Nil ou en mer Rouge ? Quelles populations sont alors en contact, celle des déserts égyptiens, celle du sud (le pays de Pount ?) ou celle d’Arabie du sud ?

Et pour quelles raisons a-t-on construit ces navires ? Pour déplacer des populations en quêtes de nouvelles terres pour se nourrir ? Pour commercer, échanger des biens produits chacun de son côté et qui se révèlent complémentaires ? Pour prendre à son voisin plus ou moins proche, razzier l’ennemi ?

Mais pourquoi ? Par simple envie de posséder ? Par nécessité alimentaire, pour survivre ?


Bibliographie :

  • G. Graff, Les peintures sur vases de Nagada I - Nagada II. Nouvelle approche sémiologique de l’iconographie prédynastique, Leuven University Press, Leuven , 2009
  • E. Teeter, Before the pyramids : The Origins of Egyptian Civilization, Oriental Institute of the University of Chicago , Chicago , 2011
  • E.A. Elsayed Aboelnour, Drawings and Inscriptions on Pottery Naqada Civilizations and Benefit from them in Enriching the Roofs of Contemporary Ceramic Pots, in Mediterranean Journal of Social Sciences, vol. Vol 4 No 11, MCSER Publishing, Rome , 2013
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