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  Crète minoenne   :|:   Analyse

La Maison de l’Ouest à Akrotiri

réf. : fr.409.2009 | 2 août 2009 | par Francis Leveque
peinture | Début du IIe millénaire av. J.-C.
Théra (Santorin), Iles de l’Egée ( Grèce )
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planL’île de Théra fut anéantie vers 1645 av. J.-C. (datation grâce au carbone 14) par l’explosion du volcan situé en son cœur, ne laissant subsister qu’un anneau fragmenté couvert de couches de lave et de pierre ponce. Les habitants de l’île ont abandonné leurs habitations avant la catastrophe. Où sont-ils allés quand leurs habitations ont été ensevelies par la pierre ponce ?

Les fouilles menées par S. Marinatos à Théra à Akrotiri, au sud de l’île de Théra, ont peut-être mis au jour la capitale de l’île à l’Age de Bronze. Les habitations abandonnées par ses habitants avant la catastrophe, avaient été en grande partie conservées par leur ensevelissement sous la pierre ponce.

Les fouilleurs ont découvert une fresque représentant de nombreux navires dans la Maison de l’Ouest, plus exactement dans salle de séjour (n°5). La chambre à coucher (n°4) a révélé une fresque dont le motif est représenté à 7 ou 8 reprises, plus ou moins complètement.

Ces fresques ont été découvertes en 1972. Elles avaient été datées à l’époque de 1500 av. J.-C. grâce aux céramiques qui y étaient associées. On les date aujourd’hui plutôt du XVIIe s. grâce à une datation au carbone 14.

La grande fresque de la salle 5

Laissant archéologues et historiens émerveillés et enthousiastes, parfois perplexes, elle éclaire nos connaissances sur les embarcations égéennes.

Cette grande fresque était très visible dans la salle de séjour. Le propriétaire des lieux tenait donc à ce qu’on la voit, sans doute parce qu’elle représente, telle une bande dessinée, ses exploits.

La ville de destination est située dans un paysage montagneux, sinon rocheux. Son caractère minoen est marqué par la présence de cornes de consécration au sommet de certains murs. De nombreux habitants, spectateurs attentifs et paisibles, attendent la venue ou le retour de la flotte.

Mais doit-on identifier l’une de ces 2 villes en Libye sous prétexte que nous savons que 1000 ans plus tard les habitants de Théra fonderont Cyrène ? D’ailleurs Hérodote exclue le cerf (animal représenté sur les fresques de cette maisons) des animaux présents en Libye.

Doit-on forcément l’identifier à une vie égyptienne sous prétexte qu’une fresque de la même salle représente un long fleuve ?

Je ne suivrait pas L. Basch dans sa recherche de relations plus ou moins militaires entre Théra et l’Egypte. Je me bornerai simplement à constater que la flotte est à la parade, forcément dans le but d’impressionner son public. Mais, si le propriétaire peut rappeler l’événement à ses hôtes, le sujet ne devait êtr ignoré d’eux : cet événement a été vécu par les habitants de Théra. Le propriétaire a seulement immortalisé un souvenir commun et public. Rien n’empêche ensuite, après la parade du départ, d’ôter les décorations afin de naviguer en haute mer.

Rien n’oblige à imaginer que la destination a forcément été l’Egypte. Rien non plus pour le nier. Laissons donc de côté les affirmations portées par les auteurs qui ont laissé parlé leur coeur pour s’en tenir au plus concret. La flotte peut très bien rejoindre un port proche. L’importance de l’événement, le caractère manifestement non militaire, me font penser que la flotte a plutôt accompli une mission diplomatique importante avec un partenaire. Le navire n°6, au centre de la fresque, me semble le plus chargé (il se déplace à la voile, ne dispose pas de passagers mais d’un contenant imposant.). Il me paraît être escorté par le reste de la flotte, comme si le transport de son chargement était le but de l’événement.

Vue complète

Autres fresques maritimes de la Maison de l’Ouest

Cette grande fresque se trouvait dans la salle de séjour de la maison de l’ouest qui comportait également d’autres fresques :
- un paysage de végétation subtropical, centré autour d’un fleuve, aux berges couvertes d’arbustes et de palmiers, avec au loin le désert. La végétation devient méditerranéenne à l’une des extrémités (on y voit des chênes, des pins et un lion poursuivant un troupeau de cerfs).
- une ville au bord d’un littoral rocheux, avec des navires accostant à son port. La ville semble sur le point d’être prise par des guerriers égéens.
- un motif de cabine servant de décor à la chambre (salle 4)

Conclusion

Ces fresques étaient donc en évidence lorsque le propriétaire recevait. Toutes exposent un sujet maritime. Le personnage qui habitait cette maison a donc voulu représenter délibérément des scènes le mettant en valeur, voire racontant ses exploits.


Bibliographie :

  • L. Basch, Le musée imaginaire de la marine antique (MIMA), Institut hellénique pour la préservation de la tradition nautique, Athènes , 1987, p.117-132
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