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Décoration de la basilique Patriarcale de Santa Maria Assunta à Aquileia

réf. : fr.1731.2018 | 1er avril 2018 | par Francis Leveque
mosaïque | 1er quart du IVe siècle ap. J.-C.
Aquilée (Aquileia), Italie du nord ( Italie )
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Decorazione musiva, IV d.C. Story of Jonah. Basilica Patriarcale di Santa Maria Assunta, Aquileia. Cultura cristiana romana

L’évêque Théodore d’Aquilée, en Vénétie, dans le nord de l’Italie, décida de fonder cette basilique en 313 ap. J.-C. dans le centre urbain, sur des structures romaines préexistantes. Le port de la ville a alors permis une forte activité commerciale et le développement de relations avec toutes les régions de la Méditerranée. Il n’est pas étonnant de voir s’y établir une communauté chrétienne qui battit cette basilique dès l’édit de Milan.

Aquileia, sa basilique et les vestiges de la ville, 3’16

L’édit de Milan est en fait une lettre circulaire attribuée à Constantin, publiée le 13 juin 313 par l’empereur Licinius à Nicomédie, ville de Bithynie (Izmit en Turquie) qui était devenue la capitale de l’empereur Dioclétien puis de Constantin (avant qu’il n’opte pour Byzance). Cette année là l’Empire Romain est donc dirigée par 2 empereurs.
Lactance et Eusèbe de Césarée ont conservé le texte (avec quelques différences entre eux), en fait un mandatum d’instructions destinées aux hauts fonctionnaires des provinces. Il fait suite à un décret d’application de l’édit de Sardique de Galère en 311 qui reconnaissait la liberté de culte de facto. L’édit de Milan reconnait désormais la liberté religieuse de droit. Et li permet aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l’empereur comme un dieu.

Dans ce contexte, l’évêque Théodore s’empresse donc de marquer le paysage urbain d’Aquilée en bâtissant cette basilique et en choisissant un pavement illustré de thèmes symboliques.

Vues aériennes d’Aquileia, 0’59

Juste immédiatement devant le choeur et l’autel de la basilique, la longue mosaïque couvre le sol de la nef 6 marches plus bas en commençant à gauche (mais à droite si on regarde depuis le choeur) par le thème de Jonas, à droite (mais, inversement, à gauche depuis le choeur) une scène de pêche au filet.

La grande Scène de pêche est l’ouvrage de Dieu, Maître de la mer. Jonas comprendra à ses dépends que Dieu maîtrise aussi la mer.
Symboliquement cette scène fait aussi allusion à la prédication de l’Évangile par les Apôtres (« Suivez-moi, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » : Matthieu 4,19). Les poissons sont ceux qui écoutent la Bonne Nouvelle, le bateau est l’église, le filet (ainsi que la ligne) est le moyen de rassembler quel que soit le poisson, c’est à dire quel que soit l’homme et son origine. La spiritualité chrétienne se veut rassembleuse, ouverte, et avec l’espoir, également rassembleur, dans le Royaume des cieux (« Le royaume des cieux est comme un grand filet dans la mer…. » Matthieu 13,47).

Sur cette longue mosaïque, la mer permet d’illustrer trois scènes de Jonas ayant trait à la mort, à la résurrection et à l’ascension du Christ : Jonas est avalé par un monstre, Jonas est rejeté par le monstre, Jonas se repose sous une tonnelle. Il est le symbole de la puissance de Dieu sur le croyant. le message d’un dieu puissant mais miséricordieux pour ceux qui se repentissent et le suivent. C’est pourquoi ce thème est si fréquent et qu’il nous permet d’observer quelques représentations de navires.

Reconstitution virtuelle de la basilique d’Aquileia, 3’47

Les mosaïques de la basilique d’Aquileia, 4’02